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Cela peut apparaître comme une bonne idée, dans son jardin ou sur son balcon, pour pallier le manque d’habitats ou comme outils de sensibilisation à l’environnement. Mais ce n’est pas toujours le cas

Les gros hôtels à insectes concentrent des espèces normalement solitaires et donc peuvent concentrer également les maladies, les parasites et les prédateurs. 

Depuis 2008, une espèce d’abeille exotique (Megachile sculpturalis) est arrivée et progresse rapidement en France et en Europe, potentiellement grâce à ces hôtels. Pas agressive envers les humains, elle est très territoriale et chasse volontiers tout compétiteur potentiel des nids à proximité, ce qui diminue fortement le succès reproducteur des abeilles sauvages. (cf.https://oabeilles.net/projets/observatoire-abeilles-exotiques-3). En été, lors de la construction de ses nids, elle désopercule ainsi les nids des autres espèces, en vide le contenu (larves et ressources) pour s’installer à leur place. 

Alors quoi faire ? 

Privilégiez des petits modules : il vaut mieux avoir de multiples petits gîtes plutôt qu’un seul gros hôtel. Choisissez des tiges ou percez des trous de petite taille, 6 ou 8 mm maximum. (M. sculpturalis ne niche pas dans des diamètres inferieurs à 6mm). Enfin, et surtout veillez à conserver tous ces éléments disséminés dans votre jardin. 

Car en réalité la quantité de matériaux concentrés dans ces hôtels n’a pas de commune mesure avec la disponibilité naturelle en espaces de nidification normalement présents dans l’environnement proche. 

Le problème majeur vient donc surtout de l’absence de tous ces espaces qui devraient naturellement jouer leur rôle dans l’accomplissement du cycle des espèces : un muret, un tronc debout ou au sol, une grosse branche, un tas de terre, de sable ou de pierre, des tiges creuses ou a moelle tendre, des brindilles cassées… 

Or ces micro-habitats sont régulièrement supprimés de nos jardins, espaces verts, bords de route, par notre gestion trop forte de ces milieux. En d’autres termes, cela revient à créer des chambres d'hôtes à insectes, plutôt que des hôtels… 

Ainsi, sans parler d’abandonner toute gestion, un partage du territoire pourrait facilement être envisagé afin de maintenir des espaces de refuges, de nidification, d’hivernage et de nourrissage à une foule d’insectes pollinisateurs, tout en faisant des économies et en limitant certains gaz à effet de serre : moins de tonte, moins de débroussaillage, plus de diversité de milieux, plus de vie ! 

La réduction drastique de nos modes de gestion intensive est donc un triple bénéfice pour l’économie, pour l’environnement naturel et pour la santé des humains et des non-humains. 

Déconstruire les idées reçues sur les pollinisateurs
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